Pouvoir assurer de la liquidité à court et moyen terme, est devenu pour les entreprises une préoccupation majeure. Parmi les solutions de financement encore un peu méconnues, la pratique de l’affacturage inversé tend à se développer. Même si l'usage demeure encore un peu confidentiel, quels sont les bénéfices apportés par la mise en place d’un reverse factoring ? Quelles entreprises sont éligibles à ce dispositif ? On fait le point.
Reverse factoring : définition
Le reverse factoring est une technique de gestion financière également connue sous l'appellation d’affacturage inversé. Cette alternative de paiement offre aux entreprises la possibilité de solder un compte fournisseur avant même la date d’échéance et sans avoir recours à leur trésorerie.
Cette méthodologie est présente dans les relations B2B, à savoir entre débiteurs et créanciers. Elle fait également intervenir un troisième interlocuteur, à savoir le factor. C’est ce dernier qui est chargé de régler le créancier du montant des factures émises à destination du débiteur. Ce paiement doit être réalisé sans délai. Dans cette configuration, le débiteur doit payer le factor qui a honoré la somme.
Contrairement à l’affacturage classique, l’entreprise qui missionne le factor prend le statut de débiteur. Quant aux créanciers, ils deviennent les fournisseurs de l’entreprise.
L’affacturage inversé remplit plusieurs objectifs :
- L’entreprise qui recourt au reverse factoring bénéficie d’une plus grande latitude pour payer le factor avec un délai moyen de 90 à 120 jours.
- Elle peut aussi fluidifier et optimiser les activités et les échanges avec les fournisseurs, comme une ouverture de négociation sur des prix d’achat.
- Pour les fournisseurs, c'est la garantie d'un règlement immédiat.
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Les parties prenantes du reverse factoring
Ce type de contrat est tripartite, il met donc en scène 3 interlocuteurs :
- Le client ou donneur d’ordre, soit votre entreprise ;
- Le fournisseur : c’est celui qui détient les créances sur son client ;
- Le factor ou la société d’affacturage : c’est un établissement financier habilité par la banque de France en tant qu’établissement de crédit. Ce dernier, en échange d’une facture, distribue en avance des liquidités à une entreprise.
À lire aussi : Factor : qu'est-ce que c'est et comment le choisir ?
Exemple
L’entreprise Dupont vend des produits à l’entreprise Picard pour une valeur globale de 200 000 euros. La facture exige un règlement sous 90 jours. L’entreprise Dupont transfère sa créance à la société d’affacturage qui lui attribue une avance de trésorerie de 180 000 euros. Le factor sera rémunéré ultérieurement par l’entreprise Picard et se fera rétribuer via les commissions versées par l’entreprise créancière.
À qui s’adresse le reverse factoring ?
A l’heure actuelle, cette solution de financement ne s’adresse pas à toutes les entreprises.
Les entreprises éligibles sont généralement :
- des grands groupes,
- des centrales d’achat de moyenne ou grande surfaces,
- sans oublier les services d’achat.
Ce procédé s’adresse donc principalement à des grands groupes qui bénéficient d’une grande solvabilité. D’après une étude de “Facto France”, on considère que seuls 5 % des volumes d’affacturage sont réalisés en affacturage inversé.
Toutefois, de plus en plus de services d’achats des ETI ou PME présentent des chiffres d’affaires qui dépassent les 20 millions d’euros et se montrent très intéressés par le dispositif, spécifiquement les entreprises qui possèdent de nombreux sous-traitants ou fournisseurs.
Le reverse factoring correspond donc tout particulièrement à des donneurs d’ordre qui souhaitent donner une exemplarité au niveau des délais de paiement de factures, mais aussi les entreprises ayant un besoin en fonds de roulement (BFR) important.
Affacturage inversé : quels bénéfices ?
Le reverse factoring ne répond pas aux mêmes enjeux selon l’interlocuteur concerné, observons les avantages selon les différentes positions.
Les avantages du reverse factoring pour le fournisseur
En adoptant l’affacturage inversé, le fournisseur obtient la garantie de paiement au comptant dès la livraison de la marchandise. Ce paiement sans délai possède un avantage non négligeable, celui d’améliorer la trésorerie.
En parallèle, les contrats d’affacturage inversé contiennent généralement des clauses qui anticipent l’absence de recours du factor contre le fournisseur en cas de non-paiement du client.
D’autre part, ce type de financement de trésorerie à court terme peut s’avérer plus rentable qu’une procédure d’affacturage classique. En effet, sa rémunération se base sur le niveau de risque du seul débiteur cédé, à savoir l’entreprise cliente.
Les avantages du reverse factoring pour l’acheteur
Du côté de l’acheteur, opter pour cette solution lui permet de maintenir ses délais de paiement et de garantir une bonne relation avec ses fournisseurs.
En parallèle, les délais de remboursement à destination du factor peuvent être plus importants que ceux des fournisseurs à l’origine.
Au-delà du respect des objectifs fixés par la loi de modernisation de l’économie (LME), l’acheteur bénéficie d’un outil utile pour fidéliser ses principaux fournisseurs, mais également pour négocier de meilleures conditions de paiement, avec pour conséquence directe : la diminution du besoin en fonds de roulement.
En dernier lieu, l’acheteur s’offre la possibilité d’optimiser sa marge grâce à la remise obtenue.
Pour conclure sur les atouts généraux de cette solution souple et évolutive, l’externalisation de la gestion du poste clients offre trois atouts non négligeables à l’entreprise :
- Transformer des charges fixes (relances, recouvrements…) en charges variables ;
- Optimiser et améliorer la gestion administrative (suivi, relances et gestion comptable) ;
- Sécuriser la gestion financière (trésorerie et prévention des risques d’impayés).
À lire aussi : Délais de paiement entre professionnels, que dit la loi et comment améliorer son BFR ?
Reverse factoring : quels sont les critères d’éligibilité ?
Pour pouvoir prétendre à ce dispositif quelques pré-requis restent indispensables.
Un chiffre d’affaire minimum
De nos jours, de nombreuses entreprises peuvent recourir à un dispositif de reverse factoring. Cependant, les sociétés d’affacturage incluent très souvent parmi leurs critères d’éligibilité : un chiffre d'affaires minimal en deçà duquel, il n’est pas possible d’y avoir accès.
Pour pouvoir y prétendre il est impératif d’avoir un chiffre d'affaires estimé entre 20 et 30 millions d’euros.
Toutefois, on assiste à une réelle démocratisation de l’affacturage inversé, qui laisse paraître des offres personnalisées, afin de répondre aux petites et moyennes entreprises.
La mise en place d’une plateforme
Tout le dispositif d’affacturage transite par une plateforme dématérialisée et protégée par un mot de passe attribué à chaque utilisateur. Une solution technologique qui relie acheteurs et fournisseurs en s’adaptant à leurs besoins. Un outil moderne et collaboratif qui vous donne accès à des systèmes d’analyse, des connexions étendues et une numérisation des transactions. La plateforme peut ainsi prendre des décisions au sujet de transactions en temps réel et automatiser des actions telles que l’approbation de factures. Elle vous permet notamment d’automatiser l'échange de documents.
Une entreprise a tout intérêt à recourir à l’affacturage à chaque étape de son développement :
- Au démarrage : elle peut ainsi remédier à une insuffisance de fonds propres, de trésorerie ou de crédits bancaires.
- En phase de maturité : pour se prémunir contre les défaillances clients, pour se libérer des tâches administratives ou encore pour financer la croissance.
Les deux types de reverse factoring
Reverse factoring systématique
A l’origine, il faut savoir que le reverse factoring était rendu obligatoire pour les fournisseurs, c’est ce que l’on appelle le reverse factoring systématique.
Désormais, le modèle d’affacturage inversé le plus couramment utilisé est le collaboratif. Les fournisseurs ont dorénavant la capacité de faire appel à cette alternative librement.
Reverse factoring collaboratif
Le reverse factoring collaboratif est un mécanisme par lequel le donneur d’ordre amende une facture auprès d’une société d’affacturage et certifie de payer à échéance. Ce type de financement réduit les délais de paiement et surtout participe à sécuriser les trésoreries de TPE, PME. Cette alternative est accessible à tous les fournisseurs et donneurs d’ordre publics ou privés.
Cette solution en mode collaboratif démontre une volonté du donneur d’ordre d’améliorer sa relation fournisseur en lui prodiguant des outils de suivi de ses encours, prévision des encaissements, d’avoir des contrats dédiés et des frais simplifiés.
A noter : le reverse factoring collaboratif ne limite pas l’affacturage à un produit de financement, mais il propose un service fournisseur à haute valeur ajoutée.
Sur la même thématique, découvrez notre comparatif des financements de trésorerie à court terme :

Fonctionnement du reverse factoring
De manière générale, le reverse factoring suit la chronologie ci-dessous :
- Réservation auprès du fournisseur
- Livraison marchandise ou de prestation de service
- Facturation
- Transfert de la facture
- Paiement sous 24 à 48 heures
- Versement fournisseur
- Recouvrement à l’échéance
Concrètement le fonctionnement se déroule comme suit :
- Le fournisseur envoie la facture à l’entreprise cliente ;
- L’entreprise cliente fait parvenir au factor les factures des fournisseurs qui ont donné leur accord pour le transfert, et les renseignements indispensables au suivi des risques ;
- Le factor paye immédiatement les fournisseurs après déduction de l’escompte pour paiement comptant ;
- La société d’affacturage reverse l’escompte à l’entreprise cliente qui le rétribue en retour (taux de commission de services) ;
- L’entreprise cliente paie à échéance les factures des fournisseurs à la société d’affacturage, selon les délais convenus.
À lire aussi : Comment mettre en place la dématérialisation des factures ?
Quel est le coût du reverse factoring ?
Le factor ou société d’affacturage se rémunère via une commission de services et de financement.
- La commission de services oscille généralement entre 0,1 et 0,7 %.
- La commission de financement : pour l’estimer, le factor prend comme valeur de référence le taux de l'euribor à 1 mois ou à 3 mois. Il complète ensuite par sa marge. Cette commission quant à elle fluctue entre 0,5 et 3 %.
Bon à savoir : l'Euro Interbank Offered rate (euribor) est apparu en 1999 après l’introduction de l’euro, l’euribor représente un taux de référence sur lesquels les banques se basent pour prêter de l’argent en zone euro. Il est communiqué quotidiennement par la FBE (Fédération Bancaire Européenne).
A ces commissions peuvent s’ajouter des frais de dossier ou une contribution à un fond de garanties qui couvre le risque d’impayé.
Pour les TPE ou PME, les sociétés d’affacturage proposent traditionnellement des formules tarifées au forfait avec un nombre de factures remises et d’agrément prédéfinis.
À noter : la marge attribuée reste proportionnelle au volume du chiffre d’affaires de l’entreprise.
Gestion du contrat de reverse factoring
Deux éléments font partie intégrante de la gestion de contrat en reverse factoring : le compte bancaire partagé et la dématérialisation des factures.
Compte bancaire partagé
Très souvent les contrats prévoient un compte bancaire partagé entre la société d’affacturage et le client à l’initiative du contrat.
Dématérialisation des factures
Adopter le reverse factoring, c’est faire appel à un processus totalement dématérialisé pour toutes les parties prenantes du dispositif, ce qui fait gagner en rapidité et fluidifie la gestion administrative pour tous.
La plateforme de reverse factoring
Pour faciliter les échanges entre les différentes parties prenantes, un outil de type plateforme en ligne a été mis en place par les différentes sociétés d’affacturage.
Ce support digital permet le partage et la transmission de différents documents utiles à cette transaction :
- facture numérique ;
- réception et acceptation des factures par le client :
- demandes de participation par le fournisseur pour d’éventuelles créances ;
gestion de litiges ;
- renseignements sur les frais afférents ;
- vision en temps réel des encaissements.
Les plateformes les plus plébiscitées à l’heure actuelle sont les modèles appelés “Purchase to Pay”. Elles offrent l’avantage de la multibancarisation, à savoir : être client de plusieurs établissements bancaires simultanément. Sans oublier la centralisation de toutes les options, afin d’obtenir une gestion automatisée de bout en bout : de la commande jusqu’à l’accord des paiements des factures.
Les fonctionnalités incontournables d’une plateforme de reverse factoring
Pour permettre une circulation fluide entre les informations et les parties prenantes, la plateforme doit comporter les éléments suivants :
- Le chargement des bordereaux de règlement du donneur d’ordres ;
- Le calcul automatique des montants disponibles pour le financement ;
- Une interface de demande de financement pour le fournisseur qui estime les frais financiers afférents ;
- Les transferts des demandes de financement au service financier et suivi de sa réponse ;
- Pour le donneur d’ordre, la création automatique des ordres de transfert comportant l’ensemble des pièces à disposition à date d’échéance ;
- La mise à disposition de tableaux de reporting ;
- La production automatique d’indicateurs statistiques de suivi de dispositif.
Les principales limites du reverse factoring
Cet outil de financement certes intéressant peut présenter dans certaines situations des freins. Pour les limiter, il reste primordial de bien examiner et négocier en amont les conditions de votre contrat d’affacturage.
- Le coût du reverse factoring : même si le coût semble peu élevé en première lecture, il peut être pour certaines entreprises, notamment celles qui ont des marges faibles, représenter une dépense importante à long terme. De même, c’est l’entreprise qui supporte le coût de l’affacturage inversé et non le fournisseur.
- le manque d'accessibilité aux TPE et PME : en raison du niveau d’exigences et de garanties imposées par les factors, les PME sont encore rares à pouvoir prétendre à l’affacturage. Ce dispositif fonctionne avec des acheteurs présentant essentiellement une grande solvabilité financière, c'est-à -dire en capacité de répondre à des dettes à l’égard de leurs fournisseurs.
En cas d’impayé : que se passe-t-il ?
Dans le cas où le débiteur amorce une procédure collective, l’assurance-crédit prend le relai pour couvrir la facture impayée.
Lorsqu’il s’agit d’un retard de paiement, les équipes dédiées de la société d’affacturage : relance ou recouvrement, prennent contact avec le client afin d’étudier les motifs du retard, ils vérifient en parallèle si ce genre de scénario est répétitif.
Rappelons que le débiteur reste redevable vis-à-vis du factor, un interlocuteur qui a nécessairement un poids plus conséquent pour faire valoir ce que de droit.
Dans le contexte où aucune solution ne peut être résolue à l’amiable, la société d’affacturage accompagne l’entreprise dans la mise en place d’une première procédure de précontentieux ou de contentieux selon le préjudice subi.
Quoiqu’il en soit, c’est bien l’entreprise qui reste maîtresse de ses décisions et de la suite qu’elle souhaite donner. Parfois, l’entreprise peut aussi faire le choix de récupérer la créance afin d’éviter une procédure, à condition d’y voir un intérêt.
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Comment mieux maîtriser son BFR et limiter le recours au factoring ?
Dans l'idéal, mieux vaut éviter au maximum le recours au factoring et au reverse factoring, solutions qui ont un prix élevé.
Il est impératif de prévoir au maximum l'état de votre trésorerie à venir, et ainsi pouvoir trouver les meilleures solutions de financement en toute sérénité.
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