La parité euro-dollar, nouvelle menace pour les PME

C’est du jamais vu depuis 2002. L’euro est à parité avec le dollar. Pour retrouver une situation similaire, il nous faut donc remonter 20 ans en arrière, entre août et décembre 2002. A l’époque, l’euro était même passé sous la barre symbolique des 1 $.
Ce changement de paradigme pourrait favoriser le tourisme et certaines de nos industries exportatrices hors de l’UE, mais fragiliser fortement nos PME et ETI qui dépendent fortement de matières premières et de biens intermédiaires importés. Décryptons ensemble ses causes et conséquences.
Pourquoi l’euro est-il retombé à parité avec le dollar ?
Depuis la fin des années 1970, nous évoluons dans un système de changes flottants. Cela veut dire que la valeur d’un euro par rapport à un dollar est fixée tous les jours par les marchés financiers. On nomme ce marché spécifique le forex pour foreign exchange. C’est en volume de transactions le plus important des marchés financiers. En clair donc, si les Etats, entreprises et particuliers vendent de l’euro pour acheter du dollar, l’euro va perdre de la valeur par rapport au dollar.
Ce dernier point est important car on exprime toujours la valeur d’une monnaie dans une autre monnaie. Ainsi, l’euro peut perdre de la valeur face au dollar, mais s’apprécier face à la livre sterling.
Revenons au taux de change euro-dollar. Ce qui se passe en réalité n’est pas une dépréciation de l’euro mais plutôt une appréciation du dollar. L’euro se déprécie en ce moment face au dollar mais pas face aux autres monnaies. Pour les investisseurs, l’Europe devrait subir un ralentissement de son activité économique plus fort qu’aux Etats-Unis, du fait notamment de l’explosion des prix de l’énergie et des matières premières.
Outre-Atlantique, la banque centrale américaine a également pris des mesures énergiques pour lutter contre l’inflation. Davantage que la banque centrale européenne. Cela contribue également à favoriser le dollar face à l’euro. Si l’inflation est maîtrisée plus vite aux Etats-Unis qu’en Europe, sa monnaie perdra moins de pouvoir d’achat que l’euro. Il est donc plus intéressant de stocker ses disponibilités en dollars qu’en euros.
En conséquence, la parité euro-dollar est de retour. Et toutes nos entreprises ne sont pas égales face à cette situation.
La parité euro-dollar favorise certains secteurs
Cette situation va tout d’abord profiter aux entreprises qui exportent des biens ou des services libellés en dollars. Il ne s’agit donc pas juste des entreprises qui exportent. En effet, nos premiers partenaires commerciaux sont l’Allemagne, l’Italie et la Belgique, tous membres de la zone euro. Les échanges avec eux sont donc libellés en euros. En revanche, lorsque les échanges sont libellés en dollars, les biens et services que nous vendons vont gagner en compétivité prix.
Cela devrait particulièrement favoriser l’industrie du luxe, l’aéronautique, la chimie, l’automobile, l’agroalimentaire ou encore le tourisme. Les touristes américains auront en effet un bien meilleur pouvoir d’achat en Europe grâce à l’appréciation du dollar face à l’euro. C’est aussi le cas des touristes venant de pays dont la monnaie est arrimée au dollar : Arabie-Saoudite, Qatar, Emirats Arabes Unis ou encore Jordanie. Une excellente nouvelle pour le tourisme puisque ce sont traditionnellement des clients ayant un pouvoir d’achat très élevé. Du côté du luxe, qui bénéficie aussi des dépenses de ces touristes, plus de 80 % de leurs ventes sont réalisées hors de la zone euro et vont donc bénéficier de la parité euro-dollar.
La situation va aussi favoriser les grandes entreprises. Celles-ci ont massivement recours à la couverture de leur risque de change. Elles subiront donc moins les effets négatifs et pourront profiter de ses effets positifs. Ce ne sera cependant pas le cas de toutes les entreprises.
La parité euro-dollar fragilise les PME important en dollars
Les entreprises qui importent des matières premières et composants libellés en dollars vont subir de plein fouet cette appréciation du dollar. Elle va en effet augmenter leur coût d’achat. Ainsi, selon Philippe Waechter, cité par Le Monde, le coût du pétrole a augmenté de 8 % depuis le début de l’année simplement du fait de l’appréciation du dollar face à l’euro. C’est donc sans compter la hausse du prix du baril, qui s’ajoute donc à la dépréciation de l’euro.
A l’échelle du pays, parmi nos importations qui ne sont pas faites avec des partenaires européens, 60 % sont libellées en dollars. Leur coût réel augmente donc mécaniquement à mesure que l’euro se déprécie. Il s’agit principalement de matières premières, gaz, pétrole ou encore de composants électroniques.
A cela s’ajoute le fait que les PME ont beaucoup moins recours à la couverture de leur risque de change que les grandes entreprises. Elles ont moins de ressources à allouer à cette stratégie. En conséquence, cette hausse du coût se répercutera immédiatement sur elles.
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