Action paulienne : anticipez les risques clients pour sécuriser votre trésorerie

En 2024, plus de 67 000 entreprises* ont déposé le bilan en France, un niveau record depuis la crise de 2009. Pour les directions financières, chaque défaillance de client peut entraîner une perte sèche et déséquilibrer le cash-flow. Face à ce risque, certains débiteurs n’hésitent pas à céder leurs actifs ou à vider leur trésorerie pour éviter le paiement. Ces actes, difficiles à anticiper, fragilisent la position du créancier. Peu connue, l’action paulienne permet pourtant de se défendre contre ces pratiques. Encore faut-il en comprendre les conditions d’usage et surtout savoir comment les éviter en amont. Voyons ici concrètement ce qu’est l’action paulienne, ses conditions d’application, ses effets et les moyens de l’éviter pour mieux protéger votre entreprise.
Qu’est-ce que l’action paulienne ?
Lorsqu’un débiteur (une personne ou une entreprise ayant une dette) organise son insolvabilité pour échapper au paiement, l’action paulienne permet au créancier (celui à qui l’on doit de l’argent) de faire déclarer inopposables les actes qui compromettent le remboursement.
Prévue à l’article 1341-2 du Code civil, cette action ne vise pas à annuler l’acte litigieux, mais à en neutraliser les effets à l’égard du créancier lésé. Elle permet de protéger les sommes dues quand des manœuvres cherchent à les rendre irrécouvrables.
En pratique, l’action paulienne s’inscrit dans une stratégie plus large de gestion du risque client. Elle vient en complément de vos outils de suivi de trésorerie qui vous permettent d’anticiper les comportements à risque.
Quelles sont les conditions de l’action paulienne ?
Pour être recevable, l’action paulienne doit remplir plusieurs conditions strictes. Le créancier doit d’abord prouver l’existence d’une créance certaine, liquide et exigible, antérieure à l’acte contesté.
L’acte doit avoir causé un préjudice réel, en diminuant le patrimoine du débiteur de manière à empêcher ou compliquer le recouvrement. Il peut s’agir d’une donation, d’une vente à prix minoré ou d’un transfert d’actifs à un tiers complice.
Le créancier doit aussi réussir à prouver que le débiteur avait conscience de nuire, ou qu’il a agi de façon frauduleuse. L'action doit être intentée dans un délai de 5 ans à compter du jour où le créancier a eu connaissance de l’acte (délai de prescription).
Quelle est la différence entre l’action oblique et l’action paulienne ?
Quand un débiteur cherche à se soustraire à ses dettes, l’action paulienne permet de contester les actes qui appauvrissent son patrimoine au détriment du créancier. C’est le cas, par exemple, d’une société qui cède son portefeuille clients ou ses stocks à une structure liée, sans réelle contrepartie, pour éviter le recouvrement.
L’action oblique est quant à elle utilisée lorsque le débiteur reste inactif. Si ce dernier ne réclame pas une créance qu’il détient lui-même, son créancier peut agir en son nom pour récupérer cet argent. Il ne s’agit plus de fraude, mais d’inertie.
Autrement dit : l’action paulienne s’attaque à une stratégie nuisible et l’action oblique compense une absence d’action.
Quels risques pour les créanciers face à l’insolvabilité d’un débiteur ?
Quand un débiteur devient insolvable, le risque de perte de créance est immédiat. En l’absence de garantie ou d’anticipation, le créancier peut se retrouver dans l’impossibilité de recouvrer ce qui lui est dû.
Les actes frauduleux (transferts de fonds dissimulés, mise à l’abri d’actifs, etc.) visent précisément à organiser cette insolvabilité. Plus ils passent inaperçus, plus les chances de recours diminuent. Le déséquilibre de votre cash-flow peut alors s’amplifier rapidement, surtout si plusieurs de vos clients agissent de manière similaire. L’enjeu est donc autant juridique que financier : il s’agit de préserver la capacité de l’entreprise à faire face à ses propres échéances.
C’est dans ces situations qu’un outil comme Agicap peut faire la différence. Notre logiciel vous permet d’avoir une vision actualisée de chacun de vos comptes grâce à la consolidation de vos données clients. Les retards inhabituels, les pics d’impayés ou les changements de comportement sont détectés immédiatement via un système d’alerte personnalisé. Cela vous permet d’agir avant que l’insolvabilité ne soit complètement organisée.
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Comment prévenir l’action paulienne et protéger son entreprise ?
Éviter une action paulienne, c’est surtout éviter d’en avoir besoin. Pour cela, il est essentiel de repérer les signaux faibles d’un client à risque avant qu’il ne tente de se rendre insolvable. Cela commence souvent par l’analyse des encours clients : retards répétés, changements de fréquence de commande ou silence prolongé peuvent vous signaler une volonté de désengagement de leur part. Ces signaux peuvent vous permettre, s’ils sont détectés tôt, d’ajuster les conditions de paiement ou de demander des garanties supplémentaires.
Vos équipes commerciales sont souvent les premières à percevoir un changement de ton ou de stratégie chez un client. En croisant leurs retours terrain avec vos données de suivi, il devient possible d’agir rapidement.
Agicap centralise automatiquement vos données financières, commerciales et comptables. Avec cette consolidation, vos équipes disposent d’une meilleure vision du poste client et peuvent suivre l’évolution des encaissements par compte, par typologie ou par zone.
Des alertes vous signalent toute anomalie comme les retards à répétition, les dépassements de seuils ou les changements de rythme des règlements. Ces informations sont partagées instantanément avec vos équipes qui peuvent alors adapter les conditions de paiement ou déclencher une relance ciblée. Cette façon de fonctionner évite les angles morts. Elle vous permet de détecter plus tôt vos clients fragilisés, mais surtout de réduire votre exposition au risque.
Comment faire une action paulienne ?
La première étape consiste à rassembler les preuves : votre créance doit être certaine, liquide, exigible et antérieure à l’acte que vous souhaitez contester. Il faut aussi démontrer que cet acte vous a causé un préjudice direct.
L’élément central reste la fraude du débiteur : sa volonté délibérée de vous empêcher d’être payé. Si l’acte a été réalisé au profit d’un tiers, vous devrez prouver que ce dernier connaissait l’intention frauduleuse. L’action est ensuite introduite devant le tribunal judiciaire. Elle suit une procédure civile et suppose un dossier solide, appuyé par un avocat.
Recours à l’action paulienne : exemple
Une ETI accorde un délai de paiement à l’un de ses clients stratégiques. Un mois plus tard, les prévisions montrent un écart inhabituel entre les encaissements attendus et les flux réels. L’équipe financière, en analysant les données, constate que plusieurs factures restent impayées sans justification.
En parallèle, elle apprend que le client a transféré son parc machines à une société affiliée. L’opération, non déclarée et sans contrepartie, compromet le recouvrement.
L’entreprise engage alors une action pour faire déclarer l’acte inopposable. Ce recours rapide lui évite une perte sèche. Sans une surveillance rapprochée de sa trésorerie et un bon partage d’information, l’opération serait restée invisible.

FAQ : Agicap répond à vos questions
Quelles sont les conditions de l’action paulienne ?
Pour que cette l’action paulienne soit possible, plusieurs conditions doivent être réunies. La somme due doit être incontestable, reconnue et avoir été fixée avant l’acte mis en cause. L’opération doit avoir nui à la possibilité de récupérer cet argent, en rendant le remboursement plus difficile. Il faut aussi montrer que cette manœuvre a été faite en toute connaissance de cause, dans l’intention de vous empêcher d’être payé.
Quel est le délai de prescription d'une action paulienne ?
Vous avez 5 ans pour agir à partir du moment où vous découvrez l’opération réalisée pour vous empêcher d’être remboursé.
Quelle est la nature juridique de l'action paulienne ?
C’est une action civile engagée par l’entreprise lésée, à titre individuel. Elle permet de faire en sorte qu’un acte frauduleux n’ait aucun effet contre elle. Autrement dit, elle peut agir comme si cet acte n’avait pas eu lieu.
Comment éviter l’action paulienne grâce à une bonne gestion de la trésorerie ?
Une gestion rigoureuse peut limiter les risques de comportements frauduleux. En suivant de près vos règlements, en repérant les écarts de comportement chez certains de vos clients et en réagissant vite, vous pouvez adapter les délais de paiement ou demander des garanties dès les premiers doutes.
Quels sont les actes susceptibles d’être attaqués par action paulienne ?
Principalement les donations déguisées, les ventes sous-évaluées ou les transferts d’actifs sans contrepartie. Ces opérations ont pour but de réduire artificiellement le patrimoine de l’entreprise redevable, en sachant qu’elles nuisent à ceux à qui elle doit de l’argent.
L’action paulienne permet de réagir face à des manœuvres qui compromettent le remboursement d’une de vos créances. Mais c’est en suivant de près votre poste client et vos flux de trésorerie que vous allez réellement limiter les risques .
Agicap vous accompagne dans cette démarche : repérage des signaux faibles, alertes personnalisées, etc. Vous disposez du nécessaire pour anticiper les comportements à risque avant qu’ils ne se transforment en litiges.
Sources :