La gestion de trésorerie dans une TPE/PME est une mission clé pour le chef d’entreprise. Pourtant, elle est souvent réalisée de manière trop archaïque. Heureusement, établir un tableau de trésorerie peut être une excellente manière de reprendre les choses en main. Mais qu’est ce que c’est au juste, un tableau de trésorerie ?
Définition, méthode de construction et astuces pour une utilisation au quotidien, si vous êtes à la recherche d’un bon moyen de rendre votre gestion de trésorerie plus efficace, vous êtes au bon endroit !

Tableau de trésorerie : Définition
Le tableau de trésorerie est un plan permettant de visualiser en détail l’ensemble des flux de trésorerie (encaissements et décaissements) réalisés et à venir. Il vise à suivre et à anticiper quel sera votre solde de trésorerie dans les prochains mois. Chaque mois, le total des dépenses soustrait au total des recettes donne le solde de trésorerie disponible pour le début du mois suivant.
Pour avoir suffisamment de visibilité, il est généralement conseillé de réaliser un tableau de trésorerie (également appelé budget de trésorerie) ou budget prévisionnel) sur une durée de 6 à 12 mois minimum, pour avoir le temps de réagir en cas de solde de trésorerie négatif.
Si vous avez besoin d’en savoir plus sur la construction du budget de trésorerie, Agicap vous explique tout :
L’intérêt du tableau de trésorerie
Si vous avez pour habitude de gérer votre trésorerie sans utiliser de tableau de trésorerie, peut-être vous demandez-vous pourquoi vous devriez opter pour cette méthode. Voici donc plusieurs avantages offerts par le tableau de trésorerie qui devraient vous convaincre d’y avoir recours.
- L’anticipation. Le principal intérêt du tableau de trésorerie est de prévoir quelle sera votre trésorerie dans les semaines et les moins à venir, afin d’identifier en amont les problèmes qui pourraient survenir. Pour le mois de mai, il apparaît que vous avez peu de rentrées d’argent et des décaissements importants du fait d’un investissement que vous avez prévu de faire ? Il serait sûrement préférable de le reporter à un autre moment, plus propice. Vous évitez de vous retrouver en situation de découvert et pouvez en même temps déterminer le meilleur créneau pour investir.
- Un avantage pour la négociation avec un banquier. Grâce à vos prévisions de trésorerie, vous vous êtes peut-être rendu compte que votre entreprise risquait de manquer de trésorerie dans 3 mois. Afin qu’elle reste solvable, vous décidez d’aller contracter un prêt bancaire professionnel auprès de votre banquier. Ce cas de figure peut se produire à de multiples reprises au cours de la vie d’une entreprise. Mais la négociation n’est pas forcément évidente et parfois votre banquier refusera d’accéder à votre requête (ou alors il se couvrira en demandant des garanties qui peuvent vous faire peur).
Si vous vous présentez au rendez-vous avec votre tableau de trésorerie prévisionnel bien réalisé qui fait ressortir correctement vos besoins en trésorerie, vous allez accroître vos chances de succès.
Non seulement le banquier pourra mieux se rendre compte de votre situation mais de surcroît, des prévisions complètes peuvent lui prouver que vous n’êtes pas un mauvais gestionnaire que vous avez simplement subi un aléa quelconque qui vous a mis en difficulté. - La possibilité de créer différentes projections d’activité. En dupliquant votre tableau de trésorerie, vous pouvez assez facilement modéliser différents scénarios en modifiant un ou plusieurs paramètres. Votre tableau de trésorerie devient alors un véritable outil d’aide à la décision. Si par exemple vous souhaitez savoir s’il est sage de de faire un achat important au mois prochain, vous pouvez tester cette hypothèse dans le scénario “optimiste”, “pessimiste”, ou “probable”. A partir de là, il vous suffit comparer les résultats que votre tableau aura calculé pour vous faire une idée et décider si oui ou non, vous pouvez vous permettre cet investissement.
À lire aussi : tout savoir sur le prévisionnel de trésorerie
Tableau de trésorerie : comment le mettre en place
Si vous désirez construire un tableau de trésorerie, plusieurs étapes sont à respecter. La première étape est de créer un tableau comportant un nombre de colonnes égal au nombre de mois sur lesquels vous souhaitez piloter votre trésorerie.
Une fois que c’est fait, ajoutez votre solde initial (la somme d’argent disponible dans vos caisses début du premier mois. C’est à partir de cette valeur que vous allez pouvoir lancer votre tableau de trésorerie.
Puis, il va falloir passer à l’inventaire des encaissements et décaissements de votre entreprise. Dans un souci de clarté, nous avons séparé ces tâches en 2 : en vous y prenant étape par étape, il vous sera plus facile de vous y retrouver et ainsi d’éviter les erreurs.
Et puisqu’on parle d’erreurs, faites en sorte d’être dans de bonnes conditions pour réaliser ce tableau : les erreurs de saisie peuvent fausser l’ensemble de vos résultats et réduire vos efforts à néant. Un lieu calme et une bonne nuit de sommeil au préalable seront vos meilleurs alliés pour vous atteler à cette mission.
Astuce : tous les montants à inscrire dans le tableau sont TTC, et incluent donc la TVA !
Faire l’inventaire des encaissements
La première étape est de mettre à plat vos flux de trésorerie entrants de la manière la plus complète possible.
Nous avons pensé qu’un peu d’aide ne serait pas de refus, ce qui nous amène à la liste suivante. Pas forcément exhaustive, elle référence tout de même la majorité des encaissements dont une entreprise peut bénéficier, ce qui devrait vous aider dans votre démarche.
- Facturation clients
- Emprunts bancaires, levées de fond…
- Subventions et aides diverses (URSSAF…)
- Augmentation du capital (nouvel associé par exemple)
- Éventuel crédit de TVA (en admettant que votre TVA à déduire soit supérieure à votre TVA collectée)
Lister les décaissements
Une fois la première étape complétée, répétez l’opération pour vos dépenses. Une entreprise génère des coûts divers et variés, et ces derniers appauvrissent votre entreprise. Il est donc capital de les identifier.
Une fois n’est pas coutume, nous vous proposons plusieurs exemples de décaissements auxquels votre entreprise est ou peut-être sujette :
- Achats et dettes fournisseurs
- Paiement des salaires
- Règlement d’intérêts (emprunt, découvert…)
- Loyer
- Factures d’eau et d’électricité
- Abonnements Internet, mobile et à des logiciels variés
- Impôts (Impôt sur les sociétés, TVA à payer…)
- Budget marketing et communication
- Frais de déplacement
Estimer les flux de trésorerie à venir
Une fois que vous avez identifié vos postes d’encaissements et de décaissements, vous devez estimer leur montant le plus précisément possible. Si pour certains vous pourrez trouver la valeur exacte (loyer par exemple), pour d’autres vous allez devoir faire des estimations puisque vous n’êtes pas devin. Une fois que vous aurez rempli le tableau avec les différentes projections, vous pourrez en déduire votre solde de fin de mois et donc le solde du début de mois suivant (qui est identique).
Les erreurs à éviter
Si créer un plan de trésorerie est loin d’être impossible, il y a quand même plusieurs erreurs à éviter si vous voulez que votre travail porte ses fruits.
- Ne pas prendre en compte les délais de paiement. C’est le piège le plus fréquent dans lequel il ne faut pas tomber. Par exemple, une vente effectuée en mars ne veut PAS dire que vous allez recevoir l’argent en mars. Vous avez peut-être accordé un délai de paiement à 60 jours, ce qui amène la date de règlement en mai ! Alors imaginez que vous ayez prévu un achat conséquent en mars en pensant être réglé sur cette période. Pour peu que votre trésorerie ne soit pas assez solide pour encaisser le choc, vous risquez de vous retrouver dans une situation difficile.
- Attendre d’être dans le rouge pour monter son tableau de trésorerie. Ce n’est pas un outil de crise et le construire quand vous faites déjà face à des problèmes de trésorerie ne réglera pas vos problèmes. C’est un outil qui doit justement vous éviter les complications. Si vous remettez sa construction lendemain systématiquement, il est possible que vous vous retrouviez au pied du mur à un moment ou à un autre, sans avoir une réelle marge de manœuvre.
- Ne pas se laisser tenter par la surenchère. S’il l’envie de dépenser toujours plus sous prétexte que votre trésorerie se porte bien et que votre prévisionnel est optimiste, souvenez-vous que ce n’est pas parce que tout va bien un jour que ce sera le cas éternellement. Aussi, avant de réaliser un investissement, demandez-vous :
- S’il est réellement indispensable pour le moment ?
- Si vous êtes capable de mesurer les retombées économiques de l’achat potentiel ?
N’oubliez pas qu’un investissement est censé -à terme- vous rapporter au moins autant que son prix initial. De la même manière, si vous avez de l’argent en réserve, ce n’est pas une mauvaise chose loin de là ! Pensez que vous avez une réserve de trésorerie de secours qui pourra vous être très utile en cas de coup dur.
Gérer votre tableau de trésorerie au fil de l’eau
Une fois que vous avez mis en place votre plan de trésorerie, tout n’est pas terminé pour autant, loin s’en faut. Le plus important est de suivre votre trésorerie au fil de l’eau, et de mettre à jour vos prévisions régulièrement.
“Je m’en occuperai quand j’aurai le temps”, “on verra demain”… Si l’envie de gérer sa trésorerie chaque jour n’est pas forcément présente, c’est pourtant une mission fondamentale. Alors que l’on pourrait considérer la trésorerie comme une discipline “figée”, il n’en est rien. Au contraire, les prévisions que vous avez faites ne sont pas forcément exactes et des événements inattendus peuvent se produire, modifiant au passage vos projections. Absolument tous ont un impact sur votre trésorerie ! Plus elle sera à jour, mieux vous saurez à quoi vous attendre et quelles sont les rectifications à opérer pour rester dans le vert.
Aussi, nous vous conseillons de mettre à jour votre tableau de trésorerie très régulièrement (dans l’idéal chaque semaine, sinon une fois par mois minimum).
Vous prévoyez un nouvel achat ? Empressez-vous de le faire apparaître au bon mois. Un nouveau contrat a été signé et va donner lieu à des recettes régulières pendant plusieurs mois ? N’attendez pas le dernier moment pour inscrire les montants dans les cellules correspondantes.
Visionnez cette vidéo pour trouver toutes les informations dont vous avez besoin sur le plan de trésorerie prévisionnel ⬇
Tableau de bord de trésorerie : une composante du tableau de bord du dirigeant
Le but premier de cet article était de vous expliquer ce que vous devez savoir sur le tableau de bord de trésorerie, aussi avons nous focalisé notre propos sur ce dernier.
Néanmoins, vous devez comprendre que le tableau de bord de trésorerie n’est qu’un élément parmi d’autres auquel le dirigeant doit accorder de l’attention. Ces différents indicateurs pilotés par le dirigeant de TPE sont regroupés dans le tableau de bord global du dirigeant. Ce dernier comprend différents volets :
- Les ressources humaines
- La performance commerciale
- Les stocks et la capacité de production
- Les finances (dont la trésorerie)
- …
Mis bout à bout, ces différents éléments permettent la prise de décisions stratégiques, ainsi que la mesure a posteriori de l’impact de différentes actions sur la société.
Au final, ce que vous devez devez retenir de cette partie, c’est que le tableau de bord de trésorerie ne doit pas focaliser l’intégralité de votre attention : oui, il est extrêmement important de suivre sa trésorerie et de faire des prévisions, mais n’oubliez pas pour autant de piloter les autres indicateurs clés de votre société.
Modèle gratuit de tableau de trésorerie à télécharger
Si vous ne vous sentez pas en mesure de créer ce pour une raison ou une autre, nous mettons à votre disposition un modèle de tableau de trésorerie gratuit à télécharger. Avec quelques colonnes pré-remplie, il vous permettra de vous familiariser avec son fonctionnement. Ensuite, il ne vous restera plus qu’à identifier vos encaissements et décaissement puis de les entrer dans le tableau au bon mois. Si toutefois vous n’êtes pas à l’aise avec Excel ou ne possédez tout simplement pas de licence, Agicap vous permet de réaliser des prévisions de trésorerie fiables et le tout, automatiquement !

En synthèse
Que vous souhaitiez gérer votre trésorerie au mieux ou simplement en apprendre plus sur la manière de construire un tableau de trésorerie, vous devriez avoir trouvé votre bonheur !
Comment construire un tableau de trésorerie ?
Identifiez vos recettes et postes de paiement dans leur intégralité (ne négligez pas les petites sommes !). Ensuite, reportez les valeurs dans votre tableau de trésorerie en prenant en compte les délais de paiement ! A partir de ces données, vous allez pouvoir déterminer votre solde de début de mois ainsi que votre solde prévisionnel, ce qui vous permettra entre autres de comparer vos prévisions avec le réel.
Quelles erreurs faut-t-il éviter ?
Ne négligez pas les délais de paiement, ils ont une grande importance. En ne les prenant pas en compte, vous risquez de fausser l’intégralité des prévisions de votre tableau de trésorerie.
N’attendez pas de vous retrouver face à des difficultés pour agir : la gestion de trésorerie doit faire partie de votre quotidien !
Restez raisonnable, même si vos prévisions de trésorerie sont idylliques : gardez toujours suffisamment de liquidités en réserve pour faire face à d’éventuelles problèmes de trésorerie imprévus.
Comment suivre sa trésorerie ?
Tout savoir sur la méthode pour faire un suivi de trésorerie efficace :
Mettez à jour votre tableau de trésorerie chaque fois qu’un nouvel encaissement ou décaissement est réalisé ou prévu ! De même, certains montants vont être amenés à varier, n’oubliez donc pas de remplacer les données obsolètes par les nouvelles.
Une question ? Un retour d’expérience ? N’hésitez pas à laisser un commentaire dans l’espace à cet effet situé juste en dessous !
