La crise à laquelle nous faisons désormais face avec le Coronavirus est une crise sanitaire inédite qui a malheureusement également des conséquences financières très importantes notamment liées aux consignes de confinement mais pas uniquement.
Dans ce webinar, dont vous pouvez retrouver le replay ici et le support ici, nous avons voulu vous présenter quelques conseils pour faire face à cette crise et protéger votre trésorerie un maximum dans un contexte incertain dont on ne sait combien de temps il va durer.
Dans cet article
Mettez à jour vos prévisions de trésorerie et préparez-vous au pire
Il ne s’agit pas d’être alarmiste mais bien de se dire que pour se sortir de la crise dans la meilleure santé financière possible, il vaut mieux se préparer au pire, prendre les mesures pour réussir à l’affronter afin de ne pouvoir avoir que de bonnes surprises. “Only the paranoid will survive” comme disait l’ancien CEO d’Intel.
Notre suggestion est de fonctionner par scénarios pour pouvoir réagir plus sereinement face à l’évolution des événements.
Sans aucune certitude sur ce qui va survenir, nous proposons d’envisager 3 scénarios prévisionnels graduels :

Crise sanitaire limitée sur 1,5 mois :
- Diminution significative (voir totale) de vos encaissements limités dans le temps
- Redémarrage rapide de l’activité
Crise sanitaire longue
- Diminution significative (voir totale) de vos encaissements sur une durée longue
- Redémarrage rapide de l’activité
Crise sanitaire longue suivi d’une crise économique
- Diminution significative (voir totale) de vos encaissements sur une durée longue
- Redémarrage lent / progressif de l’activité
Ces scénarios seront bien sûr à ajuster à nouveau, de façon itérative en fonction des évolutions (décrets, confinement, impact des autres entreprises...).
Ce qui est important ici ce n’est pas d’essayer d’estimer ce qu’il va se passer mais bien de créer des scénarios clivant qui vous permettent de réagir et d’établir par des hypothèses dures, ce que vous pouvez attendre des différentes situations et ce que vous pouvez faire pour sauver votre business.
Si vous avez du mal à modéliser ces hypothèses, n’hésitez pas à nous contacter pour que nous puissions vous accompagner.
Dans les 3 situations, l’impact sur votre trésorerie sera très important et il va falloir prendre des mesures radicales pour garder une trésorerie à flot. Il faut donc, une fois cet exercice mené à bien, réfléchir aux leviers à disposition pour limiter l’impact et protéger sa trésorerie.
Pour cela il faut, aussi vite que possible :

- Limiter les sorties de cash à court terme : c’est une mesure à prendre le plus vite possible pour anticiper des conséquences à venir sur les encaissements et protéger sa trésorerie (gel des charges fiscales et sociales, rééchelonnement des emprunts bancaires, diminution des dépenses marketing, mise en place du chômage partiel..)
- Aller chercher des financements : là aussi, il s’agit de prévenir plutôt que guérir pour pouvoir faire face avant d’être dans le rouge compte tenu des délais et des incertitudes éventuelles d’attribution (crédit de trésorerie, augmentation des découverts, financement des factures par la BPI)
- Envisager dès à présent des mesures radicales : Ici on parle de mesure à prendre en temps voulu, en fonction de l’évolution de la situation, en cas de prolongement de la crise (réduction drastique des coûts, gel des recrutements, recentrage de l’activité / fermeture de sites moins prioritaires ou centraux…). Cependant le modéliser avant d’y être forcé permet d’avoir plus de visibilité, de comprendre quand c’est réellement nécessaire et de prendre les bonnes décisions quand c’est nécessaire.
Il faut bien prendre en compte dans tous ces cas qu’il y a souvent des décalages entre les demandes et les fonds touchés, entre les avances de charges et des remboursements qui peuvent être fournis par les aides.
Étant donné l’ampleur de la crise, il est essentiel de piloter son activité par le cash grâce à ces modélisations.
Des actions concrètes à mettre en place le plus vite que possible
Limiter les sorties de cash à court terme
Dans tous les cas, le conseil n’est de pas attendre d’être vraiment en difficulté pour mettre en place les différentes mesures. Au plus tôt vous faites les démarches, au plus tôt vous aurez de la visibilité sur les échéances de vos décaissements et les aménagements que vous pourrez y apporter pour être moins à risque en fonction de l’évolution de la situation.
Gelez le fiscal et le social
Geler les cotisations patronales ou salariales auprès de l'URSSAF en se rapprochant de son gestionnaire de paie qui pourra vous orienter :
- avant le paiement, en demandant un décalage pour un paiement dans le cadre de sa DSN (décalage possible pour l’échéance du 15 jusqu’au 19/03 à 12h) ou hors DSN en bloquant, avec votre conseiller bancaire, le prélèvement SEPA, s’il n’est pas encore passé
- après le paiement, en demandant un remboursement
Les décalage des cotisations pourra se faire jusqu’à 3 mois sans aucune pénalité.
Pour l’échéance du 5, les consignes seront communiquées prochainement.
Il est aussi possible de déterminer son échéancier sans nécessairement geler l’intégralité du paiement mais cela n’est pas recommandé dans la logique de se préparer au pire et de gérer sa trésorerie avec le plus de précaution possible.
Pour les indépendants, l’échéance du 20 mars ne sera pas prélevée et sera lissée sur les échéances suivantes, en attendant de nouvelles consignes. Délais de paiement sans pénalité, ajustement d’échéancier de cotisations par rééstimation du revenu peuvent également être mis en place. Les indépendants peuvent également demander à l’action sociale la prise en charge de tout ou partie de ces cotisations ainsi que l’attribution d’une aide exceptionnelle.
Geler les impôts directs
Il est possible de geler l’impôt sur les sociétés, la taxe sur les salaires, la taxe foncière mais en revanche cela n’inclut ni la TVA ni le prélèvement à la source qu’il faudra régler normalement : rapprochez-vous de votre expert comptable ou responsable SIE pour vous faire accompagner dans les démarches.
Sur les prévoyances retraites et santé, nous vous conseillons de voir avec les mutuelles ce qu’il est possible de reporter car pour le moment il n’y a pas d’annonce particulière à ce sujet mais pourraient peut-être aider.
Rééchelonner vos emprunts bancaires
Les banques ont été refinancées par la BCE, il est donc possible de demander à rééchelonner ses emprunts pour se libérer un peu de trésorerie. Les banques se doivent d’être agiles compte tenu de la situation.
Priorisez les paiements fournisseurs
En ce qui concerne vos fournisseurs, il faut prioriser :
- les fournisseurs essentiels vs ceux qui le sont moins ou pour lesquels vous pouvez faire autrement
- les petits vs les grosses structures qui n’auront pas la même capacité à faciliter vos paiements et échéances
Négociez le paiement de vos loyers et les charges liées à ce dernier
Les fournisseurs et bailleurs sont informés et ont conscience de la situation, il est possible d’aller les voir pour négocier des délais supplémentaires.
Un bailleur plus gros aura plus facilement la possibilité d’accorder des reports de paiement. Il peut alors également être plus intéressant également d’être en mensuel plutôt qu’en trimestriel pour ces charges.
Vous trouverez ici : un modèle de demande de suspension de paiement des loyers.
Mise en place du chômage partiel (voir notre article dédié)
Attention à vérifier la compatibilité de votre logiciel de paie avec la déclaration des heures chômées en fin de mois et également au fait que les délais de versements des indemnités pourraient s’avérer long.
Aller chercher des financements
Exploitez toutes les formes de crédits bancaires
Avec un plan de 750 milliards annoncé par la BCE, il est réellement possible de vous faire accompagner en demandant des emprunts bancaires. Étant donné le nombre de demande, les délais risquent d’être allongés, il est donc préférable de faire des demandes en anticipation des difficultés : les délais pourraient en effet se situer entre 1 à 3 mois avant de pouvoir recevoir les fonds.
Il est alors nécessaire de contacter vos conseillers bancaires pour le rééchelonnement mais aussi pour augmenter vos découverts autorisés voire demander des crédits pour les facturations de trésorerie. La BPI se porte alors garante à hauteur de 90% des crédits de trésorerie (sur 3 à 7 ans) ou d’autorisation de découvert (sur 12 à 18 mois).
Appuyez vous sur la BPI
La BPI a mis en place plusieurs mesures pour sécuriser la trésorerie des entreprises :
- garantie sur les financement de trésorerie
- des prêts directs : sans nécessité d’avoir un prêt bancaire en parallèle
- prêt Rebond : 10 à 300 000€, bonifié sur une durée de 7 ans avec 2 ans de différé.
- prêt Atout : jusqu’à 5M€ pour les PME, 30M€ pour les ETI, octroyé sur une durée de 3 à 5 ans avec un différé d’amortissement.
- suspension du remboursement des créances des prêts auprès de la BPI
Pour cela, contactez votre conseiller BPI ou contacter le numéro vert : 09 69 37 02 40.
En termes de délai, il faudra 2,5 semaines pour monter un dossier et 2 semaines pour aller jusqu’au bout de la démarche.
Si vous êtes en attente de paiements, la BPI peut vous mobiliser immédiatement ces factures et aller même 30% au-delà de ces dernières.
Faites appel à la médiation de crédit si besoin
Si vous avez du mal à accéder à ces financements, vous pouvez avoir accès au médiateur de crédit qui répondra sous 2 jours et laissera 5 jours aux acteurs bancaires pour réviser leur position avant un travail de médiation si nécessaire et une proposition d’accord.
Saisi du dossier en ligne (https://mediateur-credit.banque-france.fr/).
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